Vous vous êtes donné une chance de réussir autrement en quittant la France et en tentant l’aventure à l’étranger : pourquoi ce choix ? Quels enseignements en tirez-vous ? Etes-vous finalement rentré en France ou comptez-vous rentrer ? Quels conseils donneriez-vous aux candidats à l’expatriation ?

Partagez vos expériences (succès et échecs) et donnez le goût aux jeunes de France d’étendre leurs horizons et de « vivre le monde » en dehors de nos frontières !

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Témoignages :

Aberdeen? C’est ou ca? Hop, Atlas, ah oui c’est très au Nord!

C’était il y’a 8 ans, parti à 20 ans faire un stage de DUT en ayant postulé au hasard dans un labo que j’avais trouvésur internet, aucune idée d’où j’allais ni ce que j’allais y faire. Juste envie de partir.

Apres le stage on m’embauche pour 6 mois en CDD – comme par hasard, quelqu’un part en congé de maternité. Entre temps je découvre cette ville, capitale européenne du pétrole, qui regorge d’opportunités pour qui est dynamique, motivé et travaille avec sérieux. Alors à la fin du CDD, je décide de rester un peu plus. C’était soit ca soit les bancs de la fac…

Apres p’tits boulots et squats, je trouve du taf sur plateforme comme technicien de labo. 2 années s’enchainent àécumer la Mer du Nord. Puis je quitte mon taf et rentre en Master, avec validation des acquis – je n’avais qu’un bac+2, un an après j’obtiens un bac+5. Master pris en charge par l’état Ecossais, avec bourse de 300 euros par moi. Pour tout ca, presque aucune paperasse à remplir. Juste quelques coups de téléphone, un ou deux courriers, un dossier d’inscription pas trop compliqué…

En sortie du Master, je veux partir d’Ecosse, mais le pétrole me rattrape, et on m’offre une position de consultant, difficile à refuser – bon salaire, ne travaille que 3 semaines sur 4, dont une à domicile. Je reste en Ecosse encore 3 ans de plus.

Aujourd’hui je travaille comme ingénieur, enfin de retour en France. J’ai 28 ans, un bac +5 (j’ai étudié 3 ans seulement), 7 ans d’expérience professionnelle. J’ai aussi été percussionniste, éducateur de jeunes de quartiers, fait la plonge, barman, chimiste sur station de déchets, presentateur radio…

Je vous passe les details culturels, les pintes de Ales et les sessions Ceilidh, les levers de soleil a 3h du matin, les soirees polycultural ou personne n’est ecossais mais tout le monde s’en fout, les african druminaboot bulubai number one sessions…

De la chance ? Oui, je pense en avoir eu. Mais j’ai aussi travaillé, beaucoup. La chance se tente, se provoque. Et en France, trop peu de gens seront prêts à vous la donner. Alors autant aller la chercher ailleurs !

Barrez-vous, et les choses se feront. Pas a pas.

 

Chers Messieurs,

Je me suis barré en 1997 et je ne suis jamais rentré. Il est donc rare de tomber sur une opinion française que je partage entièrement, et je voulais vous féliciter pour exprimer clairement les raisons sociales, mais aussi philosophiques, qui poussent les jeunes Français à chercher l’aventure ailleurs. Hier soir, deux de vos chantres sont passés sur une émission française que je ne connais pas (Z & N ou quelque chose comme ça) et on a cherché à caricaturer vos propos. Je suis avec vous et je vais vous dire pourquoi.

Je me suis barré en 1997 à 22 ans parce qu’en fin d’études, mes amis parlaient de chômage et de cinquième cycle en attendant, parce que les politiciens parlaient de morosité, parce que je trouvais le vent de l’aventure séduisant et la vie plus grande et plus belle que celle qu’on me peignait en France. Je ne suis ni un produit de la bourgeoisie, ni du capitalisme libéral sauvage. Parti avec une bourse américaine pour étudier la philosophie, j’ai ensuite travaillé dans des hôtels aux US et en Italie, j’ai essayé de monter un business en Suisse, j’ai visité l’Afrique à pied et à coup de petits boulots, de chances et de rencontres, je m’en suis bien sorti. Depuis 2002 je travaille dans l’humanitaire d’urgence et la coopération internationale, j’ai une « carrière » si l’on veut (à 37 ans je ne suis plus un « jeune ») — et je ne me retrouve pas dans le monde étriqué de la pensée française. Je vois mon pays valser avec l’islamophobie, l’antisémitisme, la colère, la haine de l’Europe et du libre marché, bref la peur, car telle est la racine de toutes les intolérances. Auparavant je croyais à la République: la laïcité, l’école, le service militaire. Malheureusement ces principes ont été galvaudés. Ces principes, qui renforçaient les plus faibles, sont aujourd’hui des outils pour maintenir une élite en place. Je n’ai rien contre l’élite en soi, c’est après tout le moteur du progrès, mais celle qu’on nous propose en France est médiocre et tel est bien le problème.

Je voulais surtout réagir à l’argument selon lequel votre encouragement serait le complice d’un capitalisme international sauvage et anglophone. C’est vrai, bien des grands patrons sont eux aussi des cosmopolites et nous partageons certaines de leurs valeurs, mais tout ne se résume pas à cela. Les laïcards républicains partagent bien les valeurs souverainistes du Front National et du Parti Communiste. Mes amis sont tous des cosmopolites: nous parlons des dizaines de langues, faisons des enfants de toutes les couleurs, nous aimons la pensée libertaire, la justice, et l’aventure. Pourtant nous ne sont pas des nantis: mes amis sont prof de plongée en Indonésie, steward aérien, humanitaires à la pelle, etc. Nous avons effectivement le goût du libre marché, de la libre pensée, du libre mouvement. Nous ne sommes pas enregistrés à la sécurité sociale qui érode la coresponsabilité, et nous méfions du sacro-saint « civisme républicain » qui est un avatar historique de la fraternité humaine. Nous ne comprenons pas le débat franco-français sur le voile ou la burqa. Et si l’on doit parler de richesse, nous préférons Bill Gates au vieil argent des bourgeoisies vieillissantes. D’ailleurs qu’importe l’argent: nous sommes davantage les produits de Henry David Thoreau, de B. Traven et d’Ernest Hemingway que des 500 fortunes de Forbes. Quant à la peur de l’anglais, c’est le malentendu le plus formidable de la République Française. Exprimons-nous dans la langue que tous les peuples partagent ces temps-ci. Quel Méditerrannéen du Ier siècle aurait refusé de s’exprimer en latin? Quel musulman du Xème siècle en arabe? Quel Caucasien du XXème siècle en russe? Pour ma part, la belle langue française est tout ce qui me reste de mon identité hexagonale.

Barrez-vous! Votre message est comme une gifle aux Français appeurés. Barrez-vous, c’est n’ayez pas peur. Le monde est plus grand, plus optimiste que ce que vous croyez. Et lorsque la Génération 68 moribonde finira de crever, nous rentrerons comme ces centurions romains après des décennies de voyage et nous prendrons le pouvoir. Cela, pour ceux qui aiment le pouvoir. Quant à moi et à beaucoup d’autres, nous ne rentrerons pas forcément. Nous raconterons à nos enfants trilingues et métissés l’histoire d’une France qui illuminait le monde de sa pensée ouverte et éclairée il y a bien, bien longtemps.

Bonne chance!
Sébastien

Novembre 2010
Dans la même journée, que je ne suis pas prête d’oublier, j’apprends que je suis surendettée, que l’école de cinéma pour laquelle je travaille ne va pas me payer et que les prochaines dates de mon spectacle sont annulées.
Novembre 2010
Bonne élève, même plutôt douée, j’ai toujours su quoi mettre dans une copie pour avoir les félicitations du jury. Devenue comédienne, je me suis souvent entendue répéter que j’allais galérer. J’ai bientôt 30 ans et toutes les portes que j’essaie de pousser me claquent au nez. L’oracle de l’echec semble se réaliser.
Novembre 2010
Une voyante me dit que je n’ai rien à faire à Paris, qu’il n’y a pas d’amour, pas de travail, pas d’argent pour moi ici. Elle dit tout ça et quelque chose en moi se sent soulagé, c’est bon alors je peux me barrer?
MInd the gap between the train and the platform, je pars à Los Angeles pour ma remise en forme.
Mars 2011
Je pars à L.A. Une actrice qui part trois mois sur les collines d’Hollywood, ça ne parait pas extravagant finalement…
Malgré tous les indicateurs dans le rouge, la magie d’avoir un nouveau projet a fait son effet: j’ai trouvé quelqu’un pour sous louer mon appartement, travaillé assez pour récupérer mon statut d’intermittente, et retrouvé une amie qui avait un appartement à LA pour me loger. Arrivée aux Etats Unis sur surfing USA
Juin 2011
J’ai découvert la vie sous les Palm Tree et l’American Philosophy. J’ai attrapé une bonne dose de confiance en moi, une maladie drôleùent contagieuse dont je prône l’épidémie. La crise n’a pas frappé moins fort chez eux, ils ne sont pas plus chanceux et n’ont pas raison sur tout. Ils n’ont pas la moitié de nos ceintures de sécurité, mais ils prennent des risques, tentent leur chance et se donnent le droit de croire en eux.
Juin 2011
Je rentre en France au bout de 3 mois avec un moral regonflé, une comptabilité à jour et les félictations de mon banquier.
Septembre 2012
Je lis la tribune dans Libé et je dis OUI Barrez-vous! Pas pour fuir, pas pour nier, mais pour continuer à chercher en dehors de sentiers trop labourés. La chance arrive quand on se sort les doigts du « C’est pas d’bol mais j’y peux rien la vie c’est comme ça… » C’est faux. La vie n’est pas une tragédie, loin s’en faut, mais je crois qu’elle se vexe quand on essaie de l’attacher pour qu’elle ne bouge pas trop.
Et si la vie était faite pour être explorée, secouée, essorée jusqu’à ce qu’elle soit vécue ?

« Glasgow ? Qu’est ce que je vais aller foutre a Glasgow ? Je suis à Paris ! « 

Bon après tout Glasgow c’est pas loin et si je me plante, je reviens chez Papa et Maman.

J’avais toujours rêvé de partir au Canada. « Proche des USA » –  » ils adorent les français » tout ça…

Mais ça s’est jamais fait.
Breton d’origine, je zonais en 5e année de stage sous payé a Paris, doctorat en recherche d’emploi et formation inutile en alternance.
L’alterance ! La solution miracle a tous les maux !   »Avec l’alternance t’aura un stage rémunéré ! (800€ a paris… super… ) et un avenir ! ( non. ).
18 stagiaire sur 24 se sont retrouvés comme moi… Au chômage. 5 ont carrément abandonné le Graphisme.
Après des années de « Désolé pour faire un stage il faut 3 ans d’expérience professionnelle dans le domaine » j’en ai eu ma claque. J’ai 2 licences, un BTS, et deux autres diplômes et faut que j’attende 10 mois avant de trouver un boulot qui ne me plaira pas forcement ?
On verra bien si l’herbe est plus verte ailleurs.
Alors je suis parti a Glasgow. Je connaissait quelqu’un là bas.
En 2 Mois j’ai eu un poste de Graphiste. Au bout de 6, je suis passé directeur Artistique en CDI. Je suis payé l’équivalent de 1800€ en début de carrière et ça pas tarder à monter.
Mon appartement fait 75m2 et coute 600€. ( et je le partage… )
Quand j’ai vu cet article j’étais fou. Je me suis dit, faut que les gens se rendent compte. Il faut qu’ils se rendent compte que c’est pas comme ça, normalement. Etre jeune diplômé en France, c’est pénible, presque mal vu et surtout mal considéré.
Alors voilà mon témoignage.
Pour nous les jeunes : Ailleurs, c’est mieux.
Luke.

 

Quelle belle idée de se barrer! C’est précisément ce qui m’a sauvée…

Quand au mois de novembre 2010, j’apprends dans la même journée que je suis surendettée, que toutes les dates du spectacle dans lequel je jouais sont annulées, que l’école pour laquelle je travaille depuis la rentrée n’a pas l’intention de me payer. J’avoue, je passe une sale journée.
Alors quand une voyante me dit qu’il faut que je parte de Paris, moi, je dis oui!

C’est décidé, je vais partir à LA. Une actrice qui part tenter sa chance dans la capitale du cinéma, quoi de plus logique?
Malgré tous les indicateurs dans le rouge, la magie d’avoir un nouveau projet a fait son effet: j’ai trouvé quelqu’un pour sous louer mon appartement, travaillé assez pour récupérer mon statut d’intermittente, et retrouvé une amie qui avait un appartement à LA pour me loger. Arrivée aux Etats Unis, je me suis sentie miraculée…

J’ai découvert la vie sous les Palm Tree et l’American Philosophy. La crise n’a pas frappé moins fort chez eux, ils ne sont pas plus chanceux et n’ont pas la moitié de nos ceintures de sécurité; mais ils prennent des risques, tentent leur chance et se donnent le droit de croire en eux. Je suis rentrée en France au bout de 3 mois avec un moral regonflé, une comptabilité à jour et les félictations de mon banquier.

Alors oui, je dis Barrez-vous, changez d’air, parce que la chance arrive quand on se sort les doigts du « C’est pas d’bol mais j’y peux rien la vie c’est comme ça… » C’est faux. La vie n’est pas une tragédie, loin s’en faut, mais je crois qu’elle se vexe quand on essaie de l’attacher pour qu’elle ne bouge pas trop.

Pendant mon périple, je suis allée me frotter aux marchands de bonheur, de la Scientologie aux Krishnas en passant par une messe pop en Ipad et une diseuse de bonne aventure… La quête du bonheur est dans leur constitution, comme le scepticisme est dans notre philosophie. J’en ai écrit un documentaire, ça me plairait de vous en parler, je suis sûre que vous aurez de bons conseils à me donner.

Barrée depuis presque deux ans je suis maintenant rentrée à Paris alors si vous voulez me rencontrer, c’est quand vous voulez!

Barrons-nous, marrons-nous.

Je suis jeune, je suis moi, je suis l’avenir de la France.

Au Mexique, j’ai été témoin de la détresse d’une famille qui ne pouvait subvenir aux frais de scolarités des enfants. Collège, lycée, là-bas tout est payant. En France, c’est gratuit. Profitons-en, dans le bon sens du terme : aidons-nous de tous ce que l’État peut nous offrir, pour créer un avenir plus optimiste pour nos gosses.

Au Mexique, y’a qu’un seul candidat aux présidentielles. Y’a qu’un seul tour d’élection, pour éviter qu’un camp massacre l’autre. Encore une fois servons-nous de notre système électoral pour nous faire entendre, que ce soient lors des régionales, municipales ou régionales.

Après avoir passé deux mois dans un village pauvre en immersion totale, sans traducteur, dans des conditions inimaginables en France (vous vous imaginez, vous faire sauver d’un troupeau de scorpion par une gamine de 5 ans ??) j’ai, certes raté ma première année à la fac, mais j’ai aussi pris conscience de la chance d’être Français.

Cependant il reste beaucoup à faire, tant à faire. Mais ça, c’est aux politiciens de s’en occuper, moi, citoyen, je m’occupe de constater les évolutions, de les approuver ou de les contester. Si je les conteste, il me reste la possibilité de proposer des idées. Idées qui n’arrivent jamais sans ouverture sur le monde.

Il ne peut exister de barrage à l’ouverture sur le monde. C’est inconcevable. Il n’y a rien de plus enrichissant que de rencontrer des personnes sur le tas, de s’apprendre soi-même, chaque personne de chaque famille de chaque pays a une richesse à apporter au monde entier, personne n’est négligeable.

Si la langue vous semble être un obstacle, détrompez-vous. Au contraire, c’est un excellent moyen de faire des rencontres.
Si l’argent vous semble être un obstacle, renseignez-vous auprès de l’État. Il existe des aides, au cas par cas.
Si la volonté vous semble être un obstacle, trouvez-la. Elle et elle seule vous permettra de mener à bien votre entreprise.

Enrichissez-vous.

« Depuis le lycée, je ne rêve que d’une chose, l’expatriation. Parce que j’ai la sensation que la France n’a rien à m’offrir, que rien ne change, rien ne bouge. J’ai commencé à voyager, de plus en plus longtemps, de plus en plus loin. Je m’apprête à partir définitivement pour une autre partie du globe.

Je pense que dans ce monde, il est crucial que les jeunes bougent, voient autre chose, et pas que les privilégiés qui en ont les moyens. Je pense que les jeunes devraient être bilingues, trilingues. Je pense que les jeunes de demain, ne doivent pas avoir une culture, mais des cultures, d’ici et d’ailleurs. L’expérience d’autre chose, pour élargir leurs horizons.

Je ne suis pas française, je suis européenne, je ne suis pas française, je suis fille du monde. Je parle l’anglais, le russe, le japonais, baragouine de l’espagnol, de l’arabe, je ne connais pas de barrière de langue, car l’expérience m’a appris qu’on peut communiquer sur tout avec tout le monde, lorsque l’on a vu le monde, les gestes, les regards sont autant de moyen d’échanger.

La France me parait sclérosée. Pourquoi cette moyen d’âge chez les dirigeants ? Cette rupture qui attise l’incompréhension, qui pousse les jeunes hors du jeu politique. Le seul moyen de la soigner c’est de créer des générations dynamiques, curieuses, entreprenantes qui auront envie de participer. Et les voyages, il n’y a que ça de vrai non ? »

Dans ma voiture c’est tous les jours que je suis « barrée ailleurs ».

Votre tribune dans Libé résume exactement ce que je vis depuis quelques mois, depuis que je suis devenue chauffeure de Grande Remise (GR).

Grâce/à cause du scandale du Mediator, mon job de publicitaire spécialisée dans la pharma s’est trouvé gravement menacé par un énième tour de vis règlementaire. Même pour une profession habituée aux oukases depuis perpet, ce dernier texte est de loin le plus toxique pour ce secteur très spécialisé de la pub.

Douze brainstormings plus tard, je me retrouve à exhumer mon diplôme de Sciences Po pour obtenir mon permis GR.
Je cavale en Allemagne acheter des automobiles et roule ma poule !
« Hi Sir ! Welcome to Paris. May I help you with your luggage ? May I confirm that we’re going to this hotel ? »

De gourou de com’ je deviens loufia. Mais le choc ne vient pas du tout de là. Mettre les mains dans le cambouis pour rester dans l’économie c’est aujourd’hui indispensable. Que l’on ait 20 ans ou 50 ans comme moi. Seuls les autistes dogmatiques et bouffis par leurs certitudes ne l’ont pas compris.

Le choc c’est ce que j’observe matin midi et soir sur le siège arrière de la voiture. Le rééquilibrage du monde il est là. Bien calé sur le cuir des Mercedes.
Chinois de Chine Pop, de Hong Kong, de Taiwan, de Singapour, Indonésiens et Indiens, Moyen-orientaux de partout, Africains de pays regorgeant d’or noir autant que de minerais en tous genres … Russes bien sûr, Latino-américains … et, il faut quand même le dire, encore quelques Américains tout court.

En jet privé, en First grand luxe toutes options, ils convergent à Paris. Quand je les entends, Paris me fait penser tantôt à la Havane des années Batista, tantôt à Disneyland. Un playground. Un lieux où ils viennent consommer des clichés : marques de luxe, photos de la Tour Eiffel, champagne, un p’tit tour sur les Champs et puis s’en vont.

Ce qui est paradoxal c’est que dans l’intimité du véhicule, les échanges sont extrêmement subtils et tout sauf clichés. Bien entendu, en qualité de loufia jamais je ne lance la conversation. Quand on m’interroge, je ne réponds que par des phrases les plus courtes possibles : un sujet, un verbe, un complément. Basta.
Mais malgré la brièveté des échanges, la vision du monde qui se dégage est à l’exact opposé de ce que nous vivons en France : « Today is a better world for us and tomorrow will be a better world for our children ! »

De cette conviction émane d’eux une authentique joie. Pas du tout un truc revanchard du genre « c’est notre tour ». Ils sont joyeux de ce que leur fortune leur permet. Nous, ils ne nous calculent même pas. Nous c’est le temps d’avant. Le temps de la Tour Eiffel qu’il faut photographier. Pour la photo. Rien que pour la photo. Qui, quand, comment ? Autant de questions qui ne les effleurent même pas. A l’exception d’une bien entendu : combien ?

Quand vous leur dites que les français s’interrogent sur ce monde nouveau et sont angoissés par la place réservée à l’humain, ils vous bâchent en rétorquant que dans leur pays la question qui angoisse c’est de savoir si on va pouvoir nourrir sa famille.
La personne qui vous dit cela vient de claquer 45.000 € dans la grande maison du coin pour un sac en croco …

Ils sont très très riches, très très confiants et globalement très très pas français du tout.
La misère des autres ne les concernent pas. Même celle en bas de chez eux.
Sans parler de la misère culturelle …

Donc oui, il faut se barrer ! Et pas au coin de la rue européenne. Il faut se barrer vraiment. Se barrer tout simplement pour apprendre à survivre. Couper le cordon avec toutes les valeurs humanistes dont on nous a gavées et qui ne valent pas un pet de loup garou dans ce monde là. Et si on est une femme se barrer est sûrement encore plus essentiel car en plus c’est notre liberté qu’il va falloir apprendre à mutiler.

Et il va falloir apprendre tout cela très vite, avec un impératif absolu pour survivre : s’ouvrir aux autres et surtout, surtout ne jamais juger.

« Good day Mister Hollande. Welcome to Paris ! May I help you ? »

 

Mode d'emploi
Barrez-vous tranquillou !
Les auteurs
Felix Marquardt, Mouloud Achour, Mokless
La tribune "Barrez-vous !"
Jeunes de France, barrez-vous !